Quand la réalité impressionne la fiction
Entre l’excitation de partir à la découverte de nouveaux mondes et le stress de ne pas accoster à temps et à bon port, les histoires étaient finalement venues me retrouver, tant celles dormantes aux rayon contes et légendes de la bibliothèque municipale que celles –ô combien magiques– qui prenaient vie en moi au fur et à mesure que je préparais la rencontre. Depuis, une mythologie personnelle se tricote dans mon ventre. Les mailles sont un peu lousses mais, tricotage faisant, je me rends compte que j’ai beaucoup de bobines de laine dans la caboche. De la matière à créer et à pratiquer, quoi!
Vu la taille de la commande de l'école, j’aurais
évidemment pris plus de temps de préparation, mais dans le contexte (car tout est toujours contextuel et ne pas
remettre les expériences dans leur contexte peut s’avérer être très pénible
pour le créateur/l’artiste -surtout l’artiste perfectionniste, avec le danger
de ne plus oser ensuite les avenues nouvelles), on peut dire que la
rencontre s’est sommes toutes bien déroulée, dans un gymnase qui pour
l’occasion s’était transformé en terrain de camping sauvage, avec un vrai-faux-feu-de-camp et des guimauves pour tout le monde! Ce qui permettait de mieux
pénétrer au cœur des légendes fantastiques.
Le plus fascinant dans ce
contrat, ce sont les synchronicités vécues avant le spectacle. Petite mise en contexte :
Je m’apprête à livrer une histoire au centre de laquelle est survenue la plus
grande tempête de tous les temps. Une tempête à vous faire sursauter 10 pieds
dans les airs. Une tempête avec des éclairs hallucinants qui allument le ciel
noir juste le temps d’apercevoir la terrifiante grand’bête à queue rouge, queue
longue de 3 mètres…
Tandis que je suis en route (en
train) pour aller conter cette histoire, plus le train approche du lieu-dit du
partage, plus les nuages s’amoncellent sur la ville. Comme dans mon histoire!
Et pour ajouter du réel à la légende, (comme si ce n’était pas suffisant à me
faire sourire), je débarque du train à la pluie battante. Heureusement, un
gentil personnage sort alors tout droit de ce conte de fée moderne pour me conduire, dans son pick-up, jusqu’au bistro où j'ai donné RDV à Gabi,
l’accordéoniste. Je ne suis pas aussitôt rentrée dans le resto qu’un éclair et
un tonnerre surviennent en même temps. Pas de délai. Aucun. Je vous le
jure! Pis d’une détonation comme je n’en avais encore jamais entendue de
toute ma vie… L’éclair a frappé à deux pas du resto. Ce qui m’a fait sursauter plus
haut que dans l’histoire (facilement 2 pieds de plus) en poussant un cri de
cantatrice.
Et ce n’est pas tout… Le temps de
me calmer en riant de la synchronie magique, que n’aperçois-je pas sur le mur
juste devant la table où je m'étais installée pour dîner? Un tableau de taureau à
grand queue rouge, queue longue d’au moins 3 mètres. Oui, mesdames et
messieurs, virtuellement vraie comme je suis là, c’est ainsi que ça s’est
passé…
On dit de faire attention à nos pensées, parce que
paraît-il, on les attire… Ça parle au sorcier du coin et vous m’en conterez tant!
Texte d'abord paru dans le bulletin du Conte du Regroupement du conte au Québec...