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La gardienne de mémoire et le conteur

11 septembre 2015 à 3:08, Aucun commentaire

-CHRONIQUE D'UNE CONTEUSE-

Un matin (trop rare) comme je les aime où je me réveille de manière naturelle vers 5ham… et où mon esprit ainsi que le silence de la ville (trop rare lui aussi) me permettent d’être en contact avec mon intérieur prolifique. Ainsi, ce matin, j’ai repris la lecture du magnifique livre de Dan Yashinsky: Soudain on entendit des pas. Un livre si inspirant que j’ai aussitôt eu l’élan de me raconter une histoire. Oui, oui, je me suis raconté une histoire à moi-même. L’histoire du Secret de maître Cornille que j’ai eu le plaisir d’approfondir et d’offrir en partage l’été dernier. Je me la suis re-racontée pour bien me la garder au cœur et à l’esprit. Une histoire qui fait un bon 20 minutes et que je souhaite davantage partager tant elle est belle. Écrite au 19e siècle, elle est, je trouve, plus que jamais d’actualité.

Toujours est-il que, tandis que je me racontais cette histoire dans le creux de l’oreille interne, j’ai été enchantée de voir que je m’en souvenais entièrement. Elle prenait certes quelques nouvelles teintes car j’y allais de mémoire… et c’est justement cette confiance en ma mémoire qui m’a enchanté….

Car voyez-vous, je viens d’un père conteur et d’une mère gardienne de la mémoire. Lui, toute sa vie il a raconté des histoires dans les géants partys de famille (Imaginez ça : 13 frères et sœurs, pour la plupart mariés, avec leur progéniture, soit ma génération, convenez-en que ça fait des gros partys!). Souvent, les histoires de mon père étaient en fait des blagues avec des chutes terriblement drôles. Des blagues qui sous l’influence de son talent prenaient des airs de contes. Il étirait la sauce sur un temps rare (comme on dit) et c’était toujours merveilleux de le voir et de l’entendre. Jamais il ne manquait de faire rire son auditoire. Et ça, c’est toujours un bonus jubilant pour un conteur, on en conviendra. J’entends d’ailleurs les rires retentissants de mes tantes au moment de la résurgence de ce souvenir. Seul petit hic, mon père avait une mémoire trouée. Heureusement, il a toujours eu ma mère à ses côtés. Elle, en bonne gardienne de la mémoire, tenait avec brio le fil des histoires. Une mémoire comme la sienne, ça tient du phénomène (elle ferait d’ailleurs bonne compétition à Paul Houde). Mon père contait et elle soufflait au besoin, ce qui ne manquait pas d’ajouter du comique à l’ensemble de l’œuvre 🙂

Ma mère et mon père formaient une chouette équipe. J’en parle au passé même s’ils sont toujours bien vivants et ensemble, amoureux plus que jamais… simplement, mon père conte moins qu’il ne contait. Est-ce parce que les partys d’envergure se font plus rares? Il a peut-être cessé de conter et de chanter, mais certainement pas de s’amuser à déclencher des rires par sa présence d’entertainer-né 😉

On dit que l’enfant hérite des dons de ses parents et qu’ainsi, en observant la passion de chacun, il trouvera sa propre voie. Dans cette logique, on peut dire que je porte en moi l’esprit du conte et son essence –la mémoire– pour bien garder tout ça vivant. Je n’aurais donc pas besoin qu’on tienne pour moi le fil de l’histoire… et pourtant. J’ai longtemps souffert d’un manque de confiance, lequel m’empêchait de croire en la possibilité de raconter sans filet. Côté théâtre, autre forme d’art qui nécessite une bonne mémoire, mon plaisir a toujours été aussi grand durant les trous de mémoire que lorsque le texte filait bien. J’aimais les blancs au théâtre parce qu’ils nous donnaient l’occasion d’être encore plus vivants sur scène. J’aimais aussi voir la tronche effrayée de certains autres comédiens lorsque leur mémoire défaillait, et venir les « sauver » en improvisant à partir de ce que le GRAND MOMENT PRÉSENT nous offrait de magie. Je me demande alors pourquoi, avec le conte, je n’ai pas eu d’emblée ce rapport jouissif au blanc ?…

Je soupçonne que la petite fille-éponge que j’étais, émerveillée et fière d’écouter son père raconter, avait non seulement absorbé le plaisir du conte, mais aussi avalé quelques trous de mémoire du paternel au passage.

Maintenant que j’en prends conscience, on dirait que je recouvre plus naturellement le don maternel de gardienne de la mémoire. Grand bien jubilatoire m’en fasse !

Sur ce, au boulot ma Caroline ! J’ai de belles activités de conte au programme de l’automne. Cela ne se prépare évidemment pas 2 jours à l’avance. J’y suis d’ailleurs depuis plusieurs semaines et c’est un grand bonheur à vivre : 100 fois sur le métier, remettre mon ouvrage joyeux !

D’ici la suite des chroniques d’une conteuse, je vous souhaite une journée féconde et libre.
                    
(Photo: La gardienne de mémoire et le conteur)



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Témoin-participante de la Vie, j'aime partager les fruits de mes découvertes, observations et expériences en les racontant sous toutes sortes de formes: poèmes, photos, récits, contes... Puis ainsi inspirer et réenchanter le monde. C'est ce qui m'appelle sans cesse et donne du sens à mon existence. Ici, donc, un blogue d'histoires! 

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"Ce qui compte, ce sont ces liens d'affection qui relient les gens entre eux, formant une toile immense et invisible sans laquelle le monde s'écroulerait. Le reste, auquel on consacre la plus grande partie de son temps en prenant des airs très sérieux, n'a que peu d'importance."  
~Jacques Poulin, tiré du roman Le vieux chagrin. 


"La planète n'a pas besoin de gens qui réussissent. La planète a désespérément besoin de plus de faiseurs de paix, de guérisseurs, de conteurs d'histoires et passionnés de toutes sortes."   
~Le Dalaï Lama

« Le poète, qui s’est appelé d’abord l’« aède », le chanteur, est considéré comme le créateur, l’artiste par excellence, car il invente en même temps le langage, avec ses figures et son rythme, et l’objet du langage, que doit conserver l’architecture du poème. Pour Platon, l’état poétique est rattaché à l’enthousiasme, à la possession divine. De même, dans l’univers de la Bible, le poète est le prophète, la bouche de Yahvé. Et pour les philosophes de l’Inde, la poésie, dans ses formes supérieures, rejoint la contemplation du sage. » 
~ Le Larousse virtuel

« Bien qu'appartenant au monde de l'imaginaire, du rêve, de la facétie, de la peur contrôlée ; le Conte et sa grande famille sont au carrefour de l'Histoire, de la Géographie, de la Philosophie, de la Psychologie de l'Ethnologie, de la Sociologie, de l'Anthropologie, du Folklore, de la Cosmogonie et bien d'autres domaines connexes. En tant que tel, le Conte est un rassembleur, un agent de cohésion social, un pourvoyeur de liens culturels. Il a eu et a toujours sa place dans des sociétés où l'empathie et le partage sont des valeurs essentielles à la paix et à la liberté individuelle. » 
~ Véronique Suzanne, conteuse

J'espère que vous allez laisser les histoires, c'est à dire la vie, vous arriver, que vous allez travailler avec ces histoires issues de votre existence -la vôtre, pas celle de quelqu'un d'autre- les arroser de votre sang et de vos larmes et de votre rire, jusqu'à ce qu'elles fleurissent et que vous fleurissiez pleinement à votre tour. C'est là la tâche, l'unique tâche.
~ Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups.

« Dans de nombreuses traditions chamaniques, lorsque vous alliez voir le chaman pour vous plaindre d'être découragé, abattu ou déprimé, ils posait une de ces quatre questions:  "Quand avez-vous arrêté de danser? Quand avez-vous arrêté de chanter?  Quand avez-vous cessé d'être enchanté par les histoires?  Quand avez-vous arrêté de trouver du réconfort dans le doux territoire du silence?"  Car lorsque nous arrêtons de danser, de chanter, d'être enchanté par les histoires et réconfortés par le silence, nous faisons l'expérience de la perte de l'âme.  La danse, le chant, les contes et le silence sont les quatre baumes universels de guérison.»
~  Gabrielle Roth

"...chaque fois que l'on raconte un conte de fée, la nuit s'installe. Quels que soient le lieu, l'heure, la saison, la narration d'un conte fait toujours se déployer au dessus de ceux qui l'écoutent un ciel constellé d'étoiles où vient luire une lune blanche. Quand l'histoire tire à sa fin, la pièce est parfois emplie des lueurs de l'aube, à moins qu'il n'y demeure un éclat d'étoile ou une effilochée de nuages issue d'un ciel d'orage. Et ce qui est ainsi laissé derrière, c'est le don qui va être utilisé, le don qui va servir à faire de l'âme".
~ Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups.

"Même si j'ai oublié la plupart des histoires qu'elle m'a contées, une émotion me reste de les avoir frôlées de près. Aujourd'hui encore, quand j'en ai retrouvé un lambeau, il m'apparaît plus réel que le tumulte de la ville ou la lecture du journal quotidien." 
~ Christiane Singer,  Les Sept Nuits de la reine.

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