Voyage à dos d'imaginaire
-CHRONIQUE D'UNE CONTEUSE-
C’est sans télé ni Ipod qu’ ils ont accepté le voyage, avec pour seul bagage, leur imaginaire… Ne quittant physiquement pas leur pupitre, ils ont pourtant plongé avec moi dans l’invisible. Tous ensemble dans la forêt des contes, enchantés de faire connaissance !
Jour du souvenir… à l’école primaire Laurent Benoît de la rive-sud de Montréal; 3h30 de contage, mon record! Me rendre-là était en soi une histoire. Moi qui avait prévu un itinéraire en transport en commun, j’ai dû me résigner et prendre un chic-taxi-fantôme… 50$ plus tard, au moins, j’y étais…
Devant une première classe de 5ème année. 22 élèves forts attentifs et heureux de recevoir mes histoires… et une éducatrice spécialisée qui traduisait en langage des signes pour une élève sourde. Parfois même, nos gestes étaient synchronisés. À croire que je sais parler la langue des signes, ou encore, que j’étais divinement inspirée Idem pour la 2e classe de 5ème année, des élèves attentifs et curieux. Ils étaient 24. On m’avait dit qu’ils allaient être un peu agités dû à l’absence prolongée de leur professeur régulier, mais ils ont tous embarqué. Jusqu’à la remplaçante qui m’a dit: « J’ai eu du mal à corriger les devoirs tellement j’étais captivée par vos histoires. » Les professeurs profitent ainsi souvent des activités spéciales pour faire avancer leurs nombreuses tâches. Ils oublient alors que leur cœur a aussi besoin de se nourrir d’invisible. Mais par bonheur, ils se font toujours un peu prendre dans les mailles des histoires.
Bref… Ce fût une merveilleuse journée où je me suis sentie libre comme un poisson dans un fleuve clair et limpide… enfin… #Conteuse #Contente Ensuite, j’avais 2 classes de 6ème année combinées. Ils étaient 54 à m’écouter et à suivre, même l’histoire la plus costaude de mon répertoire du jour… Et ils en ont même redemandé. J’ai donc ajouté 3 petites vites (oui, oui, le conte c’est comme l’amour ) et j’ai fini ça en beauté en leur swinguant la chanson du cowboy qui fait le tour de la montagne, chanson qu’ils ont fini par entonner avec moi.
Je leur ai même parlé de feu Frère Ours, par besoin de garder sa mémoire vivante, et leur ai appris sa fameuse formule magique d’entrée dans la forêt des contes : « Asticots gris, Asticots blancs, montrez-moé tous vos dents! Prêtez-moé vos oreilles, afin que les mots que je vais vous conter coulent à merveille, de ma bouche vers votre cœur… »